Alors que la FFA vient de publier les résultats du mois de juin 2018 de la collecte en assurance-vie, c'est le moment de faire le bilan du premier semestre de collecte et d’en tirer certains enseignements.
Assurance vie : le point sur la collecte à mi-année 2018
Résultats de juin : confirmation de l’embellie
En effet, le mois de juin fait ressortir une collecte nette de 2 milliards d'euros (contre 0,5 milliard € pour le même mois de 2017).
Les assureurs vie, toutes cotisations confondues ont encaissé 12,3 milliards d'euros et ont servis un total de 10,4 milliards d'euros de prestations. C'est le 2e meilleur mois du semestre derrière le mois de janvier 2018.
Un premier semestre 2018 en nette progression
Après un mois de janvier record (13,4 milliards €) et un léger fléchissement en mai (11 Mds €), le chiffre de juin vient conforter la bonne tenue constatée en mars/avril.
Ce qui fait que le premier semestre avec 72,4 Mds € collectés est en hausse de plus de 9 % par rapport au 2e semestre 2017. Et en hausse de 5,84 % par rapport au 1er semestre 2017.
En parallèle, les prestations versées par les assureurs (60,2 Mds €) sont stables par rapport au semestre précédent (60,1 Mds €) mais en baisse notable comparée au premier trimestre de 2017 ( 66,2 Mds €).
Autre constat intéressant : avec 21,4 milliards d’euros investis sur des unités de compte, les versements sur ce type de support représentent 30 % de la collecte de juin, taux en constante augmentation.
Ceci s’explique à la fois par la prise de conscience des Français de la nécessité d'une prise de risque minimum afin d'obtenir un rendement plus élevé, mais résulte aussi des incitations commerciales mises en oeuvre par les assureurs et leurs réseaux de distribution pour promouvoir les contrats en unités de compte (majoration des taux des fonds euros si souscription d'une part d'U.C. ; pas d'ouverture de contrat possible sans au moins 20% en U.C., etc.).
À fin juin 2018, l’encours de la l’assurance vie dépassait les 1700 milliards d’euros (1701 exactement). Si ce chiffre sec ne vous dit rien, sachez qu’il représente approximativement 75 % du P.I.B. annuel du pays (2391,7 Mds € en 2017).
Comment expliquer ces chiffres ?
L’attitude des Français vis-à-vis de l’assurance vie au cours des 12 derniers mois, doit être analysée essentiellement par rapport à 3 facteurs :
1. L’attentisme des investisseurs sur le 1er semestre 2017 s’explique principalement par le fait que nous étions en période électorale et il est bien connu que l’incertitude qui en découle est un frein à l’investissement.
2. La collecte du deuxième semestre a été impactée à la fois par l’effet négatif de la loi Sapin 2 autorisant le gel des contrats, et par les menaces planant sur les avantages liés à l’assurance vie, et notamment la possible remise en cause de sa fiscalité particulièrement avantageuse au niveau successoral par le nouveau pouvoir.
3. Un regain de compétitivité du rendement de l’assurance vie par rapport aux principaux placements :
- les fonds en euros ont eu un rendement moyen 2017 bien meilleur qu’envisagé au départ : 1,8 % net de frais de gestion annoncés par la FFA (au lieu des 1,5 % escomptés) ; - on peut considérer que les taux 2018 devraient être voisins mais tout dépendra de la façon qu’aura chaque assureur de gérer ses réserves (continuera-t-il à les doter ou, au contraire, puisera-t-il dans ses réserves pour améliorer le taux distribué ?) Par ailleurs, les rendements obligataires continueront-ils à se redresser
- les unités de compte elles, ont vu leur rendement moyen dépasser les 4 % puisque sur la période 2013-2016, leur rendement moyen net de prélèvements sociaux avoisine les 4,72
Si l’investisseur compare cela aux 0,75 % du livret A (dont l’encours dégringole) et aux 1 % des nouveaux PEL, « il n’y a pas photo » pour employer une expression à la mode et on peut légitimement penser que, malgré l’épée de Damoclès du « gel des avoirs », l’assurance vie a encore la cote auprès des petits épargnants français.