Assurance vie : du nouveau avec YOMONI Kids

Après ses produits d’assurance vie et son service de gestion sous mandat, YOMONI diversifie son offre cette fois à destination des enfants. Vraiment utile ou gadget marketing ? Zoom sur cette nouveauté lancée le 8 mars.

yomoni kids

L'angle technique

Présentée par la start-up comme un parcours destiné à initier les enfants à l'assurance vie, l'offre s'articule autour d'un contrat assuré par SURAVENIR (société du groupe Crédit Mutuel Arkéa).

Ce placement à horizon minimum de 15 ans repose sur une diversification qui permet d'optimiser le rendement en fonction d'une prise de risque calculée.

L'assurance vie repose essentiellement sur des ETF (ou trackers) et des fonds indiciels qui reproduisent les variations des indices tout en maintenant une diversification du placement.

Le capital n'est donc pas garanti (sauf pour le profil 1 investi à 100 % sur un fonds en euros), mais la part de risque plus ou moins élevée laisse espérer une revalorisation intéressante après 15 ou 18 ans. (Yomoni cite en exemple une somme de 1 000 € investie pour un enfant né en 1985. Sur un livret A, à 18 ans l'enfant aurait récupéré 2056 €. La même somme revalorisée en fonction de la progression de l'indice CAC 40 aurait représenté 6514 €)

Les frais de gestion par les experts de la start-up sont fixés annuellement à 1,6 % du montant global géré. Bien entendu, la capital est bloqué jusqu'à la majorité de l'enfant mais le contrat autorise des prélèvements par les parents si besoin était.

L'angle pratique

Si le contrat est ouvert au nom de l'enfant, il l'est sur l'initiative des parents qui remplissent un questionnaire destiné à sélectionner le profil d'investissement à mettre en œuvre (10 profils différents).

Très simplifiées, les démarches d'ouverture sont rapides et faciles : accessible avec 1000 € minimum, l'adhésion se fait en moins de 5 minutes et à 100 % en ligne.

Bon à savoir :
Les versements effectués par les parents peuvent être considérés comme des dons à intégrer dans la faculté de donation accordée à chaque parent dans la limite de 100.000 € tous les 15 ans. Ce contrat s'inscrit donc dans un objectif de donation défiscalisée initiée dès l'enfance.

L'angle éthique

Sébastien d'Ornano, le PDG de la Fin Tech, justifie l'offre en considérant que « l'épargne de long terme qu'elle permet se positionnera sur un placement plus risqué que le livret A dont le taux actuel ne combat plus l'inflation ».

Yomoni souhaite ainsi non seulement proposer un outil d'investissement à long terme, mais également sensibiliser les enfants à l'éducation financière, par une communication spécialement adaptée (notamment la remise d'un coffret de bienvenue et de documents pédagogiques).

Et le PDG de Yomoni d'ajouter que l'épargne de long terme réservée à l'enfant « sera sans doute la clé pour ses premiers projets d'adulte ».

« C'est une responsabilité importante et l'occasion de sensibiliser les enfants sur quelques éléments de finance personnelle, que les jeunes anglo-saxons maîtrisent généralement très bien, mais que les Français ignorent le plus généralement » précise-t-il. Et d'affirmer la volonté de Yomoni de contribuer à lever le tabou de l'argent.

Certes, les buts poursuivis sont louables mais on peut néanmoins y voir quelques effets pervers quand on analyse plus en profondeur les conséquences sociétales d'une telle opération.

L'angle sociétal

Si l'on considère la personne même de l'enfant, ce procédé nous éloigne de ce qui reste gravé dans la mémoire collective de tous les adultes.

Dans nombre de familles et dès son plus jeune âge, l'enfant était éduqué à thésauriser au moyen de son petit cochon-tirelire. Il apprenait ainsi la valeur de l'argent et les bienfaits de l'épargne. Car quand il souhaite s'offrir le jouet ou les sucreries convoités, en recomptant pièces et billets restitués par les entrailles du goret, il constatait parfois amer, qu'il n'avait pas encore assez épargné pour s'en permettre l'achat…

Puis est venu l'ère du livret A, et même si son taux s'est amenuisé au fil des années pour aujourd'hui parvenir péniblement à compenser l'inflation, l'enfant, en consultant son livret, peut entretenir son rêve d'acquisition du cyclomoteur ou de la guitare (par exemple) et les plus éveillés, calculer, en ajoutant les oboles familiales espérées aux intérêts composés, le temps restant avant de pouvoir se l'offrir…

La solution Yomoni Kids vient gommer d'un trait de plume tous ces « plaisirs démodés », comme dirait Aznavour... Même si la « carte bleue » avait déjà largement faussé la vision des enfants sur l'argent, comme le montre la réflexion d'un enfant de 6 ans, à qui son chômeur de père refusait, le cœur gros, le jouet convoité au motif qu'il n'avait plus d'argent. Et l'enfant de rétorquer : « Prends ta carte et va en chercher à la banque ! »...

Désormais, armé de sa souris, notre bambin surfera sur le Net pour consulter le contenu variable de sa « cassette virtuelle ». Le boulier de notre grand-mère et notre calculette ayant cédé la place aux algorithmes de Yomoni… Et au lieu de dire : « Maman, il me manque encore 5 euros pour acheter mon jouet », il s'écrira, triomphant : «  Mon BX4 s'est apprécié de 7 % dans la séance !" ».

Décidément, il n'y a plus d'enfant ! Après les enfants-soldats en Afrique, les enfants jihadistes de Daesh, voilà les enfants-traders de Yomoni !

Aussi, si l'idée d'éduquer les enfants aux réalités économiques est séduisante, encore faudrait-il préalablement qu'ils sachent lire, écrire et compter... Or, c'est loin d'être le cas pour tous ! Mais il est vrai que les 25 % d'analphabètes que produit annuellement notre système éducatif, n'en ont cure ! Car ceux-là, même en cassant leur tirelire, ne trouveront jamais les 1 000 € nécessaires au ticket d'entrée …

Mais comme toute médaille a son revers, s'agissant donc d'un produit réservé à une certaine « élite » parmi laquelle se recruteront nos dirigeants de demain, il reste à espérer que l'éducation financière qu'ils auront reçue de Yomoni leur ait enseigné à ne pas continuer à dilapider l'argent public !